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Découvrez l'histoire du sucre à Trois-Bassins, petit village de l'Ile de La Réunion

Histoire du sucre 974

 

 

Les premières usines font leur apparition sous l'impulsion de la famille DesBassyns, dès 1830, un peu partout dans l'île, et l'arrivée de la main d’œuvre indienne, peu après l'abolition de 1848, promet l'extension des terres cultivées en canne à sucre.

 

C'est dans ce contexte qu'à partir de 1850 la famille Gauthier à Trois-Bassins va se lancer dans la production de sucre, en développant un vaste domaine foncier sur lequel fonctionnera une usine pendant plus de 60 ans. Équipée d'un téléphérique pour l'acheminement des cannes, elle va propulser le quartier de Trois-Bassins dans le 20ème siècle et la révolution industrielle. Les conditions sont alors réunies pour qu'en 1897 le petit quartier devenu paroisse, accède enfin au statut de commune.

 

 

CULTURE DE LA CANNE À SUCRE POUR FAIRE DE L'ALCOOL

 

On commence en effet à cultiver la canne à sucre que les colons avaient trouvée dans l’île à leur arrivée ; elle va rapidement s’implanter sur les pentes de Trois Bassins. Cette canne cependant ne sert pas encore à faire du sucre, mais de l’alcool. Ces cannes, comme l’écrit Antoine Boucher (celui qui s’appellera plus tard Desforges Boucher et sera Gouverneur) sont brulées en octobre et novembre, et les jeunes cannes, qui les remplacent, moins sucrées et plus juteuses, sont utilisées pour faire du fangourin ou vin de miel (jus de canne fermenté) ou de l’arack (eau de vie de canne obtenue par distillation dans une alambic).

 

Le terme fangourin est d’origine malgache et désigne d’abord un rudimentaire moulin à cannes, fait de deux troncs d’arbres, puis la boisson obtenue de ce pressoir. Antoine Boucher dénonce l’ivrognerie des habitants de ce premier temps de la colonisation, et cite, parmi les fabricants, deux habitants de Trois Bassins, François Mussard, qui en fait le commerce et s’enrichit, et surtout Pierre Hibon qui aider de sa famille arrive en retirer une très grosse production. Plus que l’alcoolisation des habitants, ce que redoute la Compagnie c’est leur concurrence : cette eau de vie est en effet vendue moins cher que celle de la Compagnie, laquelle reste au magasin. C’est toujours la menace de la contrebande qui effraie la Compagnie. L’avenir va lui donner raison car toute sorte de contrebande avec les pirates (certains de nos aïeux) vont se faire dans cette « ravine interdite »…

 

Fleurs de canne à sucre dans un champ de l'ile de La Réunion 974

 

 

LES PREMIERES USINES DE CANNE A SUCRE À TROIS-BASSINS

 

Mr Vabois dont les aïeux sont à l’origine de la création de ses établissements. Deux établissements voient le jour dans la commune, le plus ancien est celui de Deguigné fils, crée en 1829. Cet établissement est celui qui fut plus tard connu sous le nom de « Grande Ravine ».

En 1841 l’habitation-sucrerie s’étend sur une superficie totale de 735 ha répartie en bois, en maïs, en café, en manioc, en cannes mais la majorité des terres sont incultes.

 

Sur la propriété 189 esclaves sont employés, deux tiers sont des hommes dont la majorité sont des créoles et des cafres de Mozambiques, quelques malgaches et quasiment pas d’indien à cette époque.

 

L’usine qui possède un moulin à vapeur, produit 300 tonnes de sucre, ce qui assez considérable. En 1846, Déguigné vend son établissement aux frères Gauthier et à Fortuné Houbert, l’extension du Domaine le conduit à brasser les cannes de Colimaçons. Pour les recevoir, on imagine une solution originale : l’emploi d’un téléphérique.

 

Le premier est orienté Est-Ouest, un second téléphérique orienté Nord-Sud, est installé en 1909 par le directeur de l’époque (il deviendra maire plus tard), Piveteau et franchit la Grande Ravine. Il reste des vestiges de ces installations (mais sur une propriété privée).

 

La succession Gauthier gardera l’établissement qui porte désormais le nom de Grande Ravine jusqu’en 1887. L’usine emploie désormais 202 travailleurs dont la structure est représentative de la période de l’engagisme contrairement à l’époque de l’esclavage, trois quart d’Indiens sont employés. Grande Ravine, désaffectée en 1916 et dont le matériel est revendu à l’usine de Stella, est cédée en 1919 à Alexandre Bègue.

 

La commune de Trois Bassins a compté un autre établissement sucrier, vers l’extrémité de la montée Panon. Il s’agit de l’habitation sucrerie que Pierre Jacques Augustin Auber, juge royal, fonda en 1835. L’établissement va tourner jusqu’en 1862, date à laquelle la crise oblige Auber à vendre à Reilhac et Ferrand.

 

 

Aujourd'hui, les usines sucrières ne tournent plus sur la commmune de Trois-Bassins, mais le petit village s'est agrandi, avec ses deux églises, sa mairie, un littoral amménagé, ses écoles et plus haut sa forêt, c'est devenu un endroit où il fait bon vivre et de s'y arrêter pour passer un bon moment.