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LES MURS ONT DES HISTOIRES

10 février 2016

Faire d’une ville un musée vivant du street art. C’est la belle idée de Village Titan, une association qui invite des graffeurs du monde entier à peindre les bâtiments dans les quartiers populaires du Port.

 

Comment rendre attractive l’architecture austère des barres d’immeubles, à la fois pour les gens qui y vivent, mais aussi pour les autres, passants et flâneurs de tous horizons ? Village Titan, l’une des plus anciennes associations culturelles de La Réunion, a eu l’idée, à la fois géniale et toute simple, de transformer ces quartiers en galeries d’art de plein air. Des fameux Gouzous de Jace, le plus célèbre graffeur réunionnais, aux poulets multicolores de Ceet en passant par les rêveries grand format de Seth, artiste connu entre autre pour ses reportages sur le street art dans l’émission Les Nouveaux Explorateurs sur Canal+, le micro-quartier de La Rose des Vents s’est transformé au mois de décembre en zone d’expérimentation artistique et en espace d’exposition XXL. 

 

« L’idée de départ, c’était d’inviter des artistes d’ici et d’ailleurs à intervenir à l’intérieur même des quartiers. Nous avons choisi de ne pas peindre les murs les plus visibles qui donnent sur l’avenue. Pour voir les œuvres, il faut vraiment entrer. » précise Manuelle Pellissier, initiatrice de ce projet baptisé Ville Musée. « Ça fait 15 ans que je travaille sur le terrain avec les habitants de ces quartiers, et je voulais qu’ils soient impliqués, que ces œuvres s’adressent d’abord à eux, qu’ils puissent se les approprier. Les retours ont été magnifiques : les gens étaient heureux de pouvoir rencontrer et échanger avec les artistes, ils ont fait la cuisine pour eux, et ils ont très vite donné leurs impressions sur certains graffs. On a une vieille dame qui vit seule dans un appartement en face du graff de Neo, où l’on voit une petite fille assise avec un chapeau de paille. Elle nous a dit qu’en regardant par sa fenêtre, elle avait la sensation de parler à un petit enfant. Les gens se racontent plein d’histoires, il y a un vrai échange avec le public. »

 

À l’heure où le street art entre dans les galeries du monde entier, le projet de Manuelle Pellissier est une manière de lui offrir un musée plus conforme à sa nature. Ville Musée va continuer de se développer en invitant d’autres artistes réunionnais et internationaux à intervenir dans de nouveaux quartiers. Oubliez le Louvre et sa Joconde : Le Port pourrait bientôt devenir la capitale mondiale du street art !

 

 

Texte : ZED – Photos : Mickaël Dalleau / ZED